jeudi 30 juillet 2015

En Syrie. Les harkis de l'Occident : Faux modérés, Vrais takfiristes

La Turquie et l’Occident ressortent le refrain des «forces modérées en Syrie». En réalité, ces groupes n’existent pas et ceux auxquels il est fait allusion ne sont pas moins extrémistes que «Daech». Voici une petite fiche signalétique des faux modérés de l’Occident.
Depuis le début de la crise en Syrie, les Occidentaux, les pétromonarchies du Golfe et la Turquie ont abreuvé leur opinion publique de mensonges sur l’existence en Syrie d’une «rébellion modérée». Ce mensonge est aujourd’hui réactualisé, avec le projet turc de création d’une «zone de sécurité» en territoire syrien, avec la complicité des États-Unis. Cette zone aurait pour objectif de «faciliter le retour des réfugiés syriens», comme l’a affirmé, ce mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan [***].En Syrie: faux modérés, vrais takfiristes.

Le contrôle de cette zone serait confié à ces fantomatiques «rebelles modérés», qui n’existent que dans l’esprit des Occidentaux et de leurs agents régionaux. Et même les intenses campagnes médiatiques initiées par des légions d’experts et de journalistes aux ordres ne parviendront pas à changer cette réalité.
Certes, il existe en Syrie plusieurs centaines de «brigades» et de groupes, affichant en majorité une soi-disant «idéologie islamiste». Mais la plupart de ces entités n’ont aucun pouvoir réel ou sont alliées ou manipulées par trois grands groupes: le «Front al-Nosra», «Harakat Ahrar al-Cham» et «Jaych al-Islam». Et les trois sont des groupes extrémistes, parfois takfiristes, directement affiliés ou proches d’«Al-Qaïda», soit profondément imprégnés de l’idéologie salafiste dans sa version la plus intolérante. «L’Armée syrienne libre» (ALS) n’a plus aucune influence sur le cours des événements et sa présence active se limite au sud syrien, où elle se partage le terrain avec «Al-Qaïda» et consorts. A Deraa et Quneitra, «l’ALS» exécute un agenda qui lui est dicté par les Jordaniens, sous-traitant locaux pour le compte des Etats-Unis et d’«Israël».

Commençons par le «Front al-Nosra».

Résultat de recherche d'images pour "Syrie Idleb" La branche officielle d’«Al-Qaïda» en Syrie constitue la colonne vertébrale de «Jaïch al-Fat'h» (l’armée de la conquête), qui contrôle la majeure partie de la province d’Idleb, ou nord-est, et une partie de celle d’Alep. Certains journalistes et experts ignorent cette réalité, comme ils ont longtemps ignoré l’existence d’une dimension terroriste dans l’insurrection armée téléguidée, qui met la Syrie à feu et à sang depuis quatre ans.
«Al-Nosra» a été créé en 2011, sur ordre du chef de «Daech», Abou Bakr al-Baghdadi, faux irakien mais vrai israélien, par son lieutenant Abou Mohammad al-Joulani, de son vrai nom Oussama el-Absi el-Wahidi. Né en 1981 à al-Chahil, un quartier de Deir el-Zor, dans l'est de la Syrie, cet ancien étudiant en médecine a rejoint les rangs d’«Al-Qaïda» en Irak dès 2003, où il a connu le fondateur de cette organisation, le Jordanien Abou Missaab Al-Zarqaoui.
Après sa dispute avec son ancien maître Al-Baghdadi, Al-Joulani a prêté publiquement allégeance au chef mondial d’«Al-Qaïda», Ayman Al-Zawahiri. «Al-Nosra» est donc la branche officielle de cette organisation en Syrie, et c’est à ce titre qu’elle est inscrite sur la liste des organisations terroristes des Nations unies.
«Al-Nosra» est également la principale force active dans la zone frontalière entre le Liban et la Syrie. Elle a une présence significative dans le Sud syrien, à Deraa et Quneïtra, où sa contribution est sollicitée par les autres groupes dans les offensives contre l’Armée arabe syrienne, commanditées par «Israël», la Jordanie, l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Le nombre des combattants d’«Al-Nosra» est de loin supérieur au chiffre 5000-7000, fourni par les sources occidentales, afin de tenter de minimiser son rôle et son influence. Une grande partie de ses chefs militaires et politiques ne sont pas Syriens. Après la liquidation du «Mouvement Hazm» et d’autres groupes à Idleb, une partie des vaincus a rejoint ses rangs.

Dans les régions qu’il contrôle, notamment une grande partie d’Idleb, dont la capitale éponyme de la province, le «Front al-Nosra» applique sa version intolérante de la Charia. Enfin, c’est «Al-Nosra» qui a perpétré le massacre de 25 à 40 villageois druzes, en mai, dans le village de Qalb Lawzé.

«Ahrar al-Cham», la branche officieuse d’«Al-Qaïda»


Avec ses 25000 à 35000 combattants, «Ahrar al-Cham» est l’un des principaux groupes armés en Syrie. Allié d’«Al-Nosra», il partage avec lui le contrôle d’Idleb, d’Alep, et d’autres régions de Syrie. L’un de ses fondateurs, Abou Khaled al-Souri, était, jusqu’à son assassinat à Alep en 2014, le représentant personnel de Zawahiri en Syrie. Cela prouve la relation étroite entre cette organisation et «Al-Qaïda», bien qu’elle ne lui ait pas prêté officiellement allégeance. En fait, «Ahrar al-Cham» est considéré comme la branche officieuse d’«Al-Qaïda» en Syrie, ce qui pourrait expliquer la relation privilégiée qui l’a lié au «Front al-Nosra».
«Ahrar al-Cham» est responsable des pires massacres contre des civils partisans du gouvernement syrien dès les premiers mois du conflit. C’est lui qui a, entre autres, commis la tuerie contre le clan sunnite des Berry, lors de l’occupation d’une partie de la ville d’Alep, en 2012. Il est responsable de la destruction de nombreux sites religieux en Syrie, comme le mausolée du maitre soufi Ahmad Moussalli. Cette pratique, semblable à celles commises par «Daech», prouve que les deux organisations, ainsi qu’«Al-Nosra», ont la même base idéologique s’inspirant du wahhabisme.
«Ahrar al-Cham» a été l’un des premiers groupes à encourager les jeunes musulmans vivant en Occident à rejoindre ses rangs pour pratiquer «le jihad». Effectivement, des centaines de volontaires ont répondu à cet appel. Certaines informations ont fait état d’une relation entre le groupe et l’Irlando-libyen Mehdi al-Harati, fondateur de «Liwaa al-Oumma» en Syrie, avant qu’il ne regagne la Libye, où il est devenu maire de Tripoli.

Allouche, salafiste intolérant


«Jaïch al-Islam» fait partie des trois plus puissants groupes armés en Syrie. Il est bien implanté autour de Damas, notamment dans la Ghouta orientale, où il a imposé des «tribunaux charia compatibles», qui font la pluie et le beau temps. Fruit d’une alliance entre une quarantaine de petits groupes, «Jaïch al-Islam» est dirigé par Zahran Allouche, un salafiste pur et dur, qui tient une discours intolérant vis-à-vis des autres composantes religieuses du peuple syrien, notamment les alaouites et les chrétiens. Ce sont ses partisans qui ont inventé le slogan scandé au début de la crise syrienne: «Les alaouites dans les cercueils, les chrétiens à Beyrouth».
Zahran Allouche a également lancé des appels afin que les djihado-sionistes étrangers rejoignent les rangs de son organisation, qui est, aujourd’hui, très proches de l’Arabie saoudite.

 

Sans ces trois organisations, l’Armée arabe syrienne balaierait en quelques semaines seulement l’insurrection et rétablirait l’ordre sur la majeure partie du territoire. Elles contrôlent d’ailleurs à elles seules les deux tiers des régions qui échappent au gouvernement. Autour d’elles, vivote une flopée de brigades aux noms évocateurs: «Jund al-Rahman», «Alwiyat Ahfad al-Rassoul», «Jaïch al-Ansar»…
A quelle «rébellion modérée» la Turquie et les États-Unis veulent-ils remettre le contrôle de la «zone de sécurité»? Qui sont ces groupes démocrates et amoureux des droits de l’homme, qui vont assurer un avenir radieux au peuple syrien après l’avoir «libéré de Daech et de Bachar al-Assad»?
Ce mensonge est encore plus gros que ceux qui l’ont précédé.

Les "djihadistes modérés" formés par les USA échouent lamentablement

Quelqu'un a-t-il  vu les rebelles, entrainés par les EU et expédiés de Turquie pour combattre Daech dans le nord de la Syrie ?
L'administration Obama, certainement pas - même si elle a dépensé 4 millions de $ pour chacun d'entre eux, pour former ces hommes prêts au combat.
En fait, l'Administration US a été la dernière à apprendre qu'une filiale d'Al-Qaïda avait capturé le chef du groupe et plusieurs de ses soldats juste après leur entrée en Syrie.
Nadeem al-Hassan est le leader de la Division 30, une unité de rebelles recrutés dans le cadre du programme de Washington, Train and Equip, pour combattre Daech en Syrie. Le Front Nusra, filiale syrienne d'Al-Qaïda, l'a capturé lui et six de ses soldats dans une embuscade jeudi. Même quand Reuters a rapporté ces sombres informations, le Département d’État et le Pentagone ont nié. Puis la Division 30 a confirmé la capture et a exigé la libération des hommes.
Vendredi, une attaque contre le quartier général de la Division 30 a tué cinq de ses membres. Tels sont les fruits d'un programme qui visait à former 5.000 rebelles dans le cadre de la stratégie d'Obama de recruter des bottes syriennes pour les envoyer combattre Daech sur le terrain.
Le secrétaire à la Défense, Ash Carter, a admis le mois dernier que seuls 60 rebelles ont terminé le programme - alors que le Pentagone a utilisé la moitié du budget de Train and Equip.
Et les attaques de cette semaine signifient donc que la moitié des hommes formés sont déjà soit morts, soit capturés ou soit hors service.
Non seulement c'est une source d'embarras. Mais c'est une preuve de plus que le président Obama n'a pas de véritable stratégie anti-Daech. Son vœu de ''dégrader et de finalement détruire l’État islamique '' est un boulot de plus qu'il laisse à son successeur.

Source :US-trained rebels fighting ISIS are failing miserably

Hannibal GENSERIC

[***] Obama désavoue le général Allen et le président Erdoğan

Le général John Allen [1], envoyé spécial du président Obama auprès de la Coalition globale contre Daech, a profité de l’absence du président Obama de Washington (parti le 24 en Afrique après son entretien téléphonique avec Erdoğan) pour assurer le président turc qu’il pourrait créer une zone de non-survol en Syrie sur une profondeur de 90 km tout au long de la frontière.
Cette zone de non-survol serait devenue la base arrière de l’opération « secrète » contre la Syrie, puis aurait été annexée au Kurdistan irakien lui offrant ainsi un débouché sur la Méditerranée, conformément au plan Robin Wright.
Ce Kurdistan devant être contrôlé par les Israéliens via la famille Barzani, Allen et Erdoğan sont convenus de relancer la guerre contre le PKK d’Abdullah Öcalan, le rival des Barzani.
Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu, a révélé l’accord sur la télévision « A Haber ».
Le président Obama a réagi très vivement. Il a fait désavouer publiquement le général Allen et a nommé un envoyé spécial pour la Syrie, Michael Ratney, en remplacement de Daniel Rubinstein [2].
Michael Ratney est un expert du Proche-Orient, mais c’est surtout un spécialiste en communication.

[1] « L’incroyable plan de « paix » US pour la Syrie », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 29 décembre 2014.
[2] « Un officiel US accuse Damas de soutenir Daech », Réseau Voltaire, 3 juin 2015.