lundi 4 janvier 2016

DONBASS. Honneur aux femmes de volontaires

Les femmes de volontaires du Donbass, les mensonges de la propagande ukrainienne et occidentale font oublier que la grande partie des forces républicaines du Donbass sont des locaux, mineurs, ouvriers, étudiants etc... et qu'ils ont des femmes, des compagnes, des petites amies. Elles sont l'essence de la résistance du Donbass, l'âme de la résistance, elles ont acquiescé le choix de leurs maris, elles les supportent de l'arrière, se rendent au front. Hommage à ces femmes courageuses, qui dans tous les dangers, dans les conditions les plus dures, bravent la mort pour supporter ce combat de la liberté. Dans le pire des cas, si elles étaient prises vivantes avec un insigne ostentatoire de la cause du Donbass, elles seraient souillées, comme a l'habitude de le faire l'Armée ukrainienne partout où elle sévit, notamment et surtout les bataillons de représailles néonazis.
Drapeau
Nous roulons au pas sur les routes enneigées du Donbass, quelque part au nord de Donetsk. Je me trouve dans un taxi en présence de trois autres voyageurs, personne ne se connaît. Nous nous sommes retrouvés tous les quatre coincés dans une ville en transit pour Donetsk. L’heure tardive nous empêche d’emprunter un transport en commun. La température est en baisse, la nuit est tombée et il peut faire autour des – 13 °C. Le hasard des choses réunis nos intérêts pour trouver un chauffeur qui acceptera de nous mener dans la capitale de la RPD et ce qui nous permettra par ailleurs de partager les frais. Il y a là, un volontaire originaire du Donbass qui ayant quartier libre vient passer les fêtes en famille. Il y a aussi deux femmes, Nadia et Elena, elles indiquent rapidement être des femmes de volontaires.


J’écoute les conversations, personne n’a découvert jusqu’à présent mon statut d’étranger, aussi les discussions sont libres et ouvertes. Nadia et Elena ont environ 40 ans, la première indique immédiatement revenir du front où elle a visité son mari, sapeur dans une unité de volontaires de la République. Elle parle de son fils, Ilya, 10 ans et donne beaucoup d’anecdotes sur sa vie et la guerre : « Je suis montée passer quelques jours avec mon mari, le supporter et prendre soin de lui, au front ce n’est pas très drôle, les températures ont fortement baissées. Vous ne seriez pas étranger par hasard ? ». L’instant est crucial, les passagers sont suspendus à ma réponse : « Vous êtes un observateur de l’OSCE ? ». Ma réponse non équivoque sur cette organisation considérée ici comme presque criminelle, fait rire tout le monde, la glace est définitivement brisée.

« Je vis avec mes parents dans l’Ouest de Donetsk, tout est bombardé dans le secteur, mais nous ne sommes jamais partis, à aucun moment. J’ai décidé avec mon mari, que nous resterions là, c’est notre pays, notre ville, qu’est-ce qui pourrait nous faire partir de chez nous ? Alors mon mari est entré dans les milices républicaines et j’ai soutenu son choix, depuis il combat et nous sommes fiers de lui ». Elena renchérit, explique qu’elle est aussi allée rendre visite à son mari, elle usera durant tout le voyage d’une drôle de formulation : « Comme me dit toujours mon mari ! ». Elle me fait rire à plusieurs reprises, son visage est pétillant et son énergie palpable, elle me raconte aussi la même histoire : « Partir ? Avec la montée du nazisme en Ukraine ? Et pour aller où ? Mon mari aussi s’est engagé comme volontaire, je monte tous les mois quelques jours, je lui apporte pour lui et ses camarades qui ont moins de chance, qui ne sont pas mariés ou n’ont pas de famille, des victuailles pour améliorer l’ordinaire ! ».

Nadia poursuit : « on remet de l’ordre dans la base arrière, on cuisine, on s’occupe du linge, on fait des reprisages, de la couture, sans nous, ils seraient perdus vous savez !!! ». Les femmes rigolent, le volontaire aussi et la conversation se poursuit sur ce ton. Elena explique avoir survécu à un bombardement en juillet 2014, elle était dans un autobus frappé par un obus ukrainien : « j’étais derrière, c’est ce qui m’a sauvé, devant ils sont tous morts, j’ai vu un véhicule sauter en l’air devant nous, les blessés et les survivants nous avons ensuite été évacués. A la nuit tombée, on pouvait voir les explosions et les projectiles dans le ciel, c’était comme un feu d’artifice, sauf que dans le cas présent, c’était la guerre et la mort ». Les deux femmes m’impressionnent, elles ont toutes deux participées puissamment au choix de leurs époux, dans le foyer des russophones du Donbass, je perçois bien la foi patriotique, le rejet total de l’Ukraine brune de Kiev et de Lvov. Elles me font involontairement penser à ces femmes de Vendéens ramenant leurs maris au combat, un jour de septembre 1793, à la bataille de Torfou, ou encore à leurs pendants, vivandières ou cantinières qui marchaient avec les armées de la République.

 
Aussi entre l’exemple de la femme de Kiev, sous les oripeaux des Femens et celui des femmes de volontaires du Donbass, il est évident qu’entre le sexisme et le courage, la haine et la foi en une juste cause, le mépris ou la simplicité, la lumière émanant des femmes de ces soldats républicains est vive. Je n’aurais pas à parler beaucoup dans ce voyage, naturellement, elles raconteront, leurs joies, leurs peurs, leur engagement et leur fois dans l’avenir de leur pays. Si j’ai été souvent impressionné par la jeunesse du Donbass, la gente féminine de la région recèle assurément en elle des ressources insoupçonnées. Les gars du front tiendront, car l’arrière est solide.


Laurent Brayard